mardi 29 septembre 2015

De la classe verte - 3e partie (Field trip - part 3)

Ou comment cela s'est-il fini.

En haut du Cinder Cone, le vent souffle violemment. Je retrouve même un des élèves couché par terre tellement il souffre de vertige et le vent semble nous pousser vers le ravin. J'attrape fermement la main de Téa. L'histoire ne nous dit pas si c'est pour aider mon aînée ou me rassurer moi-même. L'histoire est cachottière...
Puis nous sommes descendus dans le cratère. Où nous avons déjeuné et dessiné. A l'école Waldorf, les enfants constituent eux-mêmes leurs livres de classe. Ainsi préparent-ils celui de géologie qu'ils étudient en ce moment, raison pour laquelle la classe verte se déroule dans un parc volcanique. Une fois ces tâches accomplies, nous empruntons un autre chemin pour descendre. Prennent la tête du cortège les enfants qui veulent descendre en courant (mais où est mon bandana rouge !???). Je reste derrière : certains enfants n'ont pas envie de courir. Après cinq heures de randonnée, entrecoupée du repas et de multiples snacks, nous dînons de saucisses grillées sur le feu allumé et entretenu par les gamins. Une fois de plus le syndrome du transfert "à la française" me gagne... Et je vois vingt-huit pyromanes en puissance... Pleine page dans la Provence, rubrique Faits Divers : "La classe verte part en fumée. Après avoir mis le feu à leur professeur et aux parents accompagnateurs, les élèves de la classe de Mimounette-les-Truffes ont déclenché un incendie de forêt sans précédent. Les pompiers luttent courageusement contre les flammes dévastatrices. Parmi les décombres, les soldats du feu ont eu la surprise de trouver le cadavre de Michel M. dangereux tueur en série recherché par les forces de l'ordre depuis mai 1994. Etc." 

Mais les saucisses étaient bien cuites et bienvenues. Retour au campement. Dodo à 20.00. Parfait pour les braves. Trop tôt pour les ours. Et trop froid. Et trop pluvieux. On a flirté avec des températures négatives cette nuit-là. Même si on a essayé de m'embrouiller avec les degrés Fahrenheit (est-ce que quelqu'un peut me faire la grâce de m'expliquer comment se convertissent ces machins ?) ! J'ai béni la maman qui m'a prêté un sac de couchage méga-luxe-plume-d'oies-du-Canada-tirettes-extensible-et-capuchon-réversible si bien que seul mon nez se trouvait à l'air libre. Réveil matutinal où tu n'imagines même pas te laver le visage. De toutes façons, il n'y a pas d'eau mais de la glace. Petit déj mega express avec gants bonnet et écharpe. Et hop c'est reparti pour une nouvelle balade : l'ascension du mont Lassen. 3189 mètres, 10457 pieds, mec. Ouais. Ça te pose un randonneur... Sauf qu'il pleut là... A 1500 mètres. Donc à plus de 3000... Je regarde mes chaussures. Les trous d'aération de mes chaussures. 
Est-il décent de faire l'ascension en sac de couchage ?
Grizzly blond sous ciel gris
Ce jour-là, nous avons dû renoncer car il y avait effectivement une tempête de neige et les rangers ont fermé la route. Mais nous avons une maîtresse plein de ressources qui nous invite à nous rabattre sur une petite randonnée...  De 3 heures. Nous avons marché 3 heures. Fini par rencontrer la neige. Et lorsqu'il s'est agi de faire demi-tour, les deux-tiers de la classe en ont redemandé. Je me suis sacrifiée pour ramener le tiers fatigué. J'ai définitivement perdu mon bandana rouge...
Ce soir-là deux mères sont rentrées remplacées par deux autres. La maîtresse nous a trouvé un petit chalet chauffé pour nous éviter la tente. Toutes les quatre dans nos lits superposés, nous étions ravies. D'autant que l'une des "nouvelles" mamans avait amené du vin (rôôôôôô strictly forbidden, mais on a une maîtresse funky)... Et ce petit retour à la civilisation était tout bonnement délicieux.
Troisième et dernier jour sur place. On ne renonce pas à l'ascension du Mont Lassen : le soleil est réapparu. Il fait toujours 2° CELSIUS... Manque de pot (ou pas !), la route est encore fermée ce matin. Mais imperturbable, notre maîtresse nous trouve une petite rando de derrière les fagots et hop nous revoilà partis pour 2 heures. Entrecoupés des incontournables snacks et pique-nique. Nous croisons Jean-Pascal guilleret québécois qui joint Vancouver à San Diego à vélo... Je vous laisse consulter vos googlemaps mais croyez-moi, ça fait une trotte. Le bandana rouge qu'il porte autour du cou m'est singulièrement familier...
De retour à notre base, nous constatons que la route est ouverte. En voiture ! Direction les bassins de soufre de Bumpass Hell. Une heure de sentier enneigé et détrempé pour y parvenir. Mes chaussures font un bruit d'éponge quand nous arrivons à la hauteur des fumerolles dont l'odeur n'est pas sans évoquer celle des oeufs pourris... Sur mes 28 camarades une petite dizaine seulement est chaussée de façon idoine.

Photo importée, je n'avais plus de batterie...
 Snack et retour vers les voitures. Je me fais une joie de remonter dans le van avec mon camarade J. qui, tout végétarien qu'il est, est fan de bouffe. Mais c'est compter sans notre énergique maîtresse qui propose aux enfants de faire une bataille de boules de neige. Il est 17h30, depuis trois heures, nos pieds macèrent dans des chaussures humides à -3 degrés. Le bout de nos doigts menacent de tomber dans nos gants en laine. J'ai imaginé près de 200 modèles différents de chapeau de nez... J'ai une recette de bouillabaisse sur le feu pour J... L'annonce me fait l'effet... D'un iceberg en pleine face. Va pour la bataille. Je serai observatrice. Téa n'ose pas participer : elle ne veut pas viser ses camarades... Elle finit par suivre la troupe de loin... Je sais que ce n'est pas très facile pour elle. Voir toute cette tribu s'amuser n'est pas sans lui rappeler violemment sa bande à elle. Et le manque est parfois criant...
Nous rentrons de nuit vers le campement. Je rappelle qu'il n'y a pas d'électricité. Le dîner est donc préparé à la frontale. Personne n'a de chaussures de rechange. Les enfants sont étrangement silencieux... Dans les chalets, ça sent la chaussette mouillée. En nous mettant en pyjama (ce qui s'impose comme le moment le plus intime que j'aie partagé avec un enseignant de mes enfants !), la maîtresse me confie qu'elle a peut-être poussé les enfants un peu loin... Je prends mon air suisse, neutre donc, et avec un petit sourire, j'ose un "peut-être" savamment interrogatif !
Le lendemain nous remballons. Retour guilleret vers SF... La maman qui me ramène nous met au bout de 30 minutes de voyage un conte lu qui dure plus de 4 heures. L'histoire ne dit pas si c'est pour éviter de subir ma conversation... L'histoire est cachottière...

3 commentaires:

  1. Waouh ! quel récit !
    Bises aux filles

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  2. DD, c'est top! Merci de partager ces aventures avec nous... C'est définitivement de famille ce talent littéraire ;-)

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  3. Yes ! On a eu enfin la fin de cette aventure ! Qui annonce le début d'une belle série ! Des gros bisous

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