vendredi 4 décembre 2015

Vaaaaaaaaaah-cances

Après tout peut-être notre réputation d'immenses flemmards est-elle justifiée... Toujours est-il qu'après deux mois et demi d'école-travail non stop, nous attendions les vacances de Thanksgiving avec une impatience difficilement contenue. Téa a été vaillante jusqu'au vendredi soir après un test en espagnol, un autre en mandarin et un troisième en histoire romaine. Mila a cédé sur la ligne d'arrivée. Ses sinus ont lâché ou plutôt le contraire : ils se sont complètement bouchés. Vendredi au lit. "Petite craquette" de fin de parcours.
Les valises bouclées dès samedi matin, nous sommes monter à bord de notre guimbarde fraîchement sortie de chez le garagiste.
En piste pour la première étape de notre voyage : Mendocino, à deux heures et demi de route au nord de SF. Petite bourgade plus que sympathique nichée au bord de l'océan.
On s'est oxygéné la tête, les poumons...

©cyrilz
Dans notre hôtel le restaurant était végétalien (sans viande, ni poisson, ni oeufs, ni produits laitiers). Haha ! En ce qui me concerne, j'ai trouvé mon bonheur, le café au (bon) lait de soja passe pas trop mal le matin, et le tofu n'est pas mon ennemi. Un peu plus compliqué pour les filles, concernant notamment les pancakes sans oeufs ni beurre, à la farine intégrale... Elles ont néanmoins fini par trouver les oeufs benedict sans oeufs assez intéressants ! Le soir, le guacamole a fait des émules...



©cyrilz


Mendocino est au bord d'une rivière qui se jète sans l'océan, une plage monumentale et une lande qui domine le Pacifique.
©cyrilz
A marée basse, les rochers recèlent de milliards de moules et d'anémones de mer. Plus loin, le sable jaune est d'une finesse remarquable et l'eau a, par endroits, creusé les parois en petits tunnel dans lesquels on peut passez en kayak.  En automne, les arbres du village se parent de rouge pour les érables, d'orange et de jaune d'or... Le ciel, quand il est nuageux, grise la mer de plomb, quand il est limpide, rivalise d'intensité azuré.
©cyrilz
Puis nous sommes remontés à bord de notre mythique voiture pour piquer plein Est en direction du Lac Tahoe.
Arrêt burgers à Lucerne. "Switzerland in California", était-il stipulé sur le panneau d'entrée de la ville. 

Coté pile : on pourrait être en Suisse

Côté face : pas de doute, on est bien aux US
Et arrivée nocturne et sous la neige dans notre Benz Benz Benz qui commençait à sérieusement peiner sur les montées... On lui pardonnera étant donné son grand âge... Mais nous avons cru ne pas y arriver quand l'aiguille des vitesses tentait péniblement d'indiquer les 25 mph sur des routes limitées à 50 mph. Je ne sais pas à combien s'élève les amendes pour excès de non-vitesse, mais nous l'avons échappé belle.

Lake Tahoe, nous y étions donc, après deux jours entiers de chutes de neige. Nous avons skié Mila et moi. Il faut savoir que la station North Star où nous nous trouvions date des années 70... Conçu comme il se doit pour un confort maximum, la patinoire constitue le centre de la station. Tout autour, de grands feus de bois largement protégés permettent de se réchauffer en buvant un café acheté au Starbuck du coin. 
Dans l'hôtel où nous nous trouvons, il y a un magasin de location de ski. Avant toute chose on y remplit un formulaire avec tous les renseignements nécessaires au bon déroulement d'une location de matériel. Nous sommes ensuite accueillies par un employé facilement identifiable à sa tenue : comme tous ses collègues, il porte un pantalon "casual" beige, l'inévitable chemise californienne à carreaux et un pull sans manche rouge. Un badge indique son prénom. Eric C. est notre référent. Il arrive avec nos chaussures, nos skis. Nous les fait essayer. Revient avec le casque de Mila. Nous indique la caisse, où nous pouvons acheter également nos "ski pass". Le temps de régler, d'accepter les plates excuses du caissier qui m'a demandé ma date de naissance pour mon abonnement puis s'est rendu compte que son imprimante n'avait plus de carte, nous revoilà près d'Eric C. Pour récupérer notre matériel.
Non sans notre petite préparation psychologique et physique : remettre nos parkas à 30°C, coincé nos gants dans nos poches, mis nos bonnets... Sorti nos deux paires de bras supplémentaires, bandé nos biceps, abdo, triceps etc... Je suis parée pour porter les skis de Mila, les miens, ses chaussures, les miennes... Déjà suante à grosses gouttes j'affiche mon sourire le plus éclatant, le bonnet légèrement de travers, les lunettes de soleil sur le bout du nez, hyper décontractée genre "je gère comme un chef, je skiais déjà que t'étais pas né mon p'tit, et oui, je peux porter 3 paires de ski presque autant de chaussures... Même pas mal"... Mais Eric C. a l'air un peu surpris de me revoir. Petite encoche à mon ego... Ma crédibilité est en berne... Ne parlons même plus de ma séduction qui est réduite à néant... Bon, en même temps, j'ai passé l'âge. Péremption. Et puis en tenue de ski qui n'en est pas, on ne peut pas espérer grand chose en même temps... Oh, et la vie est ailleurs, non ? L'art, les oiseaux...
"Mais votre matériel vous attend auprès du valet de ski..."
"Du valet de ski...?"
Voilà. Le valet de ski. LA DÉCOUVERTE. Depuis tout ce temps il existe, il est là. Tout de noir vêtu, l'oreillette vissée dans l'oreille. Arpentant les racks de ski et de bâtons. Grand. Beau. Fort. Le valet de ski. Il te demande ton nom et t'accompagne quelques mètres (feet) plus loin. Il a posé tes skis au sol, en direction des pistes, planté tes bâtons de chaque côté. Sur tes skis, il y a ton nom. Il te souhaite "have fun" et te couve tendrement du regard quand tu t'élances maladroitement vers les pistes... Et quand tu reviens, il se matérialise à tes côtés. S'inquiète de savoir si tu t'es bien amusée... Si tu vas skier à nouveau dans la journée auquel cas il ne rangera pas tes skis au même endroit. Et si tu fais mine de ramasser tes skis parce qu'on est pas des esclavagistes quand même, il froncera légèrement le sourcil droit derrière ses RayBan parce qu'il faudrait quand même pas que tu fasses son job... Il y a des limites à ne pas dépasser, Lady...
Sur les pistes, il y a des "agrées" pour les skieurs et les snowboarders, des rampes, de toutes sortes. Des skieurs plutôt aguerri et des employés de la station qui passent pour s'assurer que tout fonctionne. Aux remontées mécaniques on te scanne avec une sorte pistolet pour s'assurer que tu as bien payé ton forfait. Sur les télésièges il y a des cibles dessinées pour bien positionner tes fesses et sur la barrière que tu descends, un plan des pistes. A l'arrivée, il y a un employé derrière les machines prêt à tout stopper en cas de problème et un autre qui remet de la neige à chaque passage, qui te souhaite "have fun" quand tu le salues. Un seul nous a souhaité "bonne journée", mais on sentait bien que c'était le rebelle de la bande... La vue était fabuleuse le Mont Pluto culmine à 2600m. Hélas mon téléphone a refusé de prendre les photos pour étayer cet article.

Cela étant nous sommes "descendus" ensuite au Lac Tahoe, le 2e plus grand lac de montagne des Etats-Unis. Et là, j'illustre...






















mercredi 18 novembre 2015

Du complexe de l'immigré

Ou comment se sentir si petite quand on mesure pourtant 1,76 m...

Alors forcément ça fait aussi un grand contenant de timidité, cette taille-là. Mais on m'a toujours appris que lorsqu'on est nouveau dans un environnement, la moindre des choses est d'essayer de s'adapter au mieux aux règles qui y prévalent.
Ainsi, dans le cadre de l'école Waldorf (l'école des filles, donc), je m'efforce de m'investir le plus possible. Dans notre appartement, je m'efforce de bien trier les déchets dans les 3 poubelles distinctes, de sortir lesdites poubelles le jour où passent les éboueurs et d'apprendre aux enfants à courir sur leurs doigts de pieds et non pas sur leur talon par égard pour le voisin du dessous. Au guidon de mon vélo, je m'efforce de laisser passer les premiers arrivés au croisement (règle de la circulation américaine) et de passer en remerciant quand un conducteur me fait ce petit geste de la main que d'aucun pourrait trouver dédaigneux, mais que je me persuade de trouver charmant... Non ce geste n'est pas celui que l'on fait pour chasser une mouche (à laquelle je pourrais m'assimiler sur mes deux roues) mais plutôt celui du désir d'épousseter les ailes délicates du papillon (en fais-je trop, là ?).
Dans les établissements que je fréquente, du Starbuck du coin à la bibliothèque de l'autre coin, en passant par les restaurants, les commerces, les bureaux de poste, je suis polie et quand les premières fois on me souhaitait "have a good one", je répondais du tac au tac "you too", tout en me demandant qu'est-ce que je pouvais avoir de bonne...
Force a été de constater que mon anglais était bien plus rouillé que je ne l'imaginais. Et qu'il fallait que j'arrête de me mentir : ce n'est pas parce que les américains ne parlent pas avec ce si bel accent "british" que je ne comprenais (et ne comprends toujours) pas ce que certains (voire beaucoup) me racontent. Certains parlent vite, d'autres avalent leurs mots, d'autres encore ont un accent insaisissable, d'autres enfin, n'articulent pas, sans parler de ceux qui parlent le fameux "slang" dont on nous a jamais enseignés les subtilités. En somme, les travers oraux de tout un chacun dans sa propre langue. Mais quand ce n'est pas "sa" langue, c'est une autre affaire. Et demander à son interlocuteur de répéter toutes les 30 secondes finit par devenir gênant. Pour soi. Et pour l'interlocuteur. Alors souvent, on préfère se taire. Sourire béatement, hocher de la tête et espérer qu'à la fin du discours, un miracle se produira, une espèce de pierre de rosette mentale, permettra de comprendre l'intégralité à posteriori, et pourquoi pas, puisqu'on y est, tout ce qu'on n'a pas compris la veille et tous les jours précédents. Et puis, tant qu'à faire, si la pierre de rosette pouvait aussi nous permettre de répondre à toutes ces bonnes vieilles questions qui nous taraudent depuis des lustres ce serait bien aussi... Parce que, des fois, on aime bien aussi les réponses. Ça permet de clore un sujet ou du moins à chapitre et de passer au suivant. D'avoir l'impression d'avancer... Mais Rosette n'est que notre tante moustachue, et sa pierre n'est qu'une parmi les autres qui se trouvent dans son jardin.
Pas de réponses et pas de bilinguisme rétroactif. On ne comprend pas grand chose. Et on se dépatouille avec ça. Au quotidien c'est agaçant, mais lorsqu'on a affaire à une administration, ça se complique.

Nous avons passé notre code de la route l'autre jour. Nous devons en fait repasser l'ensemble de notre permis, en tant que résident californien. Va pour le code donc, que nous avons révisé assez rapidement je dois dire. Après avoir adoré certaines parties comme celle où il s'agit de ne surtout pas répondre, ni même regarder dans les yeux un conducteur agressif... Car ça peut le rendre plus agressif encore. Riches de ce précieux savoir, nous nous sommes donc présentés au DMV, le département qui gère tout ce qui est relatif à la conduite, aux véhicules de ce pays, ville par ville. Détail qui peut avoir son intérêt informatif : les soeurs de Marge Simpson travaillent au DMV.



Nous avons donc rdv, faisons néanmoins une file non négligeable (on nous avait prévenus) et nous présentons à un premier guichet où l'employé nous demande à la vitesse de l'éclair de lui présenter un premier formulaire. Que Cyril sort de la pochette qu'il a emmené avec lui. Comme s'il s'agissait de déjà nous tester, l'employé nous demande plus vite encore, un autre formulaire que Cyril, imperturbable, sort de sa précieuse chemise. Avant même que le document arrive jusqu'au guichetier, ce dernier en demande aussitôt un troisième. J'ai déjà arrêté d'essayer de comprendre et fixe la chemise magique en me demandant si elle crée des générations spontanées de dossiers correspondants à toutes les situations.
Mais la main de Cyril se fige. Il a la fiche qu'on lui demande le concernant, mais pas la mienne, qu'il a en .pdf sur son téléphone. "L'imprimé monsieur, il me faut l'imprimé, pas de document électronique. Vous avez 20 minutes."
Je regarde Cyril, j'ai l'impression d'avoir été parachutée dans un épisode de 24h Chrono. Je me saisis de mon téléphone. Le compte à rebours est en marche. Le moment se divise en 4 sur l'écran : je cours en sortant du DMV pour trouver un endroit où l'on voudra bien imprimer mon doc. Cyril s'assoit sur les chaises défoncées du DMV pour remplir l'énième formulaire qui nous mènera à un autre guichet qui lui même nous permettra de nous présenter aux pupitres où se déroule l'examen du code. Sur la 3e case de l'écran la file qui grossit encore à l'extérieur du DMV. Sur la 4e, les filles dans la cour de l'école qui ne se doute pas du drame qui se noue à quelques km de leur balançoire...



Après avoir trouvé un assureur qui imprime mon fichier et à qui j'ai du demandé de répéter 15 fois son adresse mail, qu'il a fini par la taper lui-même, je retourne angoissée au DMV. A mon grand soulagement, on accepte mon document et je remplis le formulaire pour l'étape suivante. Dans la case nom de famille, je mets notre nom de famille auquel j'adjoins mon nom de jeune fille entre parenthèses. L'une des autres questions concerne mon numéro de sécurité sociale aux US. Cyril me dit de mettre le sien puisque je n'en ai pas pour le moment. Notre document rempli, on nous assigne un numéro chacun.
Cyril et moi avons chacun notre petit formulaire avec un numéro, une pochette magique et une seule carte bancaire... On nous appelle à deux guichets séparés. Et comme un fait exprès ils sont exactement à l'opposé l'un de l'autre. Je rappelle que le DMV gère tout ce qui a trait à la circulation dans la ville... Il y a environ 30 guichets, autant d'employés et 200 personnes qui attendent.



Cyril garde la pochette, je prends la carte bancaire. Et me dirige vers la dame qui va se charger de mon cas. Je souris le plus largement possible. Prends mon air le plus avenant. Et me cogne à la porte du visage fermé de mon interlocutrice. J'essaie d'augmenter de quelques degrés la courbure de mon rictus, sans pour autant me faire la tête du Joker. Mais rien ne s'entre-ouvre en face. En fait il n'y a pas de serrure, et certainement pas de poignée. Mais je m'applique à ne pas perdre mes moyens. Et l'interrogatoire commence : "passeport". Je m'exécute. "Fomulaire". Je le pose sur la tablette.

-Pourquoi vous vous appelez par un autre nom que celui qui est en premier sur votre passeport... 
-C'est mon nom de femme mariée. Mais vous avez vu ? J'ai mis mon nom de jeune ff
-Certificat de mariage.
-Pardon ?
-Certificat de mariage.
30 degrés de moins dans l'inclinaison de mon sourire.
-Euh, je, je ne l'ai pas là... Mais mon mari là-bas, oui, celui avec des cheveux en pétard, il est marrant d'ailleurs avec ces cheveux en pét... Non en fait vous en avez absolument rien à cirer des cheveux de mon mari vu la tronche que vous faites.... Il a une pochette (magique) dans laquelle il y a certainement...
-C'est un certificat américain ?
Et 20 degrés en moins sur le compteur du sourire.
-Euh, pardon ? 
-...
-Américain ? Euh et bien non parce qu'on s'est marié en France
-Ce n'est pas un certificat américain ? Ça n'est pas valable alors !
Paf ! Moins 50 d'un coup !
-Mais je...
-Et votre numéro de sécurité sociale ?
-Oui ? 
Déglutition difficile.
-C'est le vôtre ?
Moins 40 degrés
-Oui ? Non ? Est-ce que quelqu'un peut me dire quelle est la bonne réponse ? C'est celui de mon mari.
-C'est pas le vôtre alors. Vous n'en avez pas...
-Euh non. Pas vraiment. Je croyais...
(Inversion de la courbe du sourire)
-Vous avez donc menti.
Enclenchement des sirènes... Regard paniqué vers Cyril tout là-bas à l'autre bout...
-Je croyais. Enfin en France, on a le droit de...
Ma voix monte dans les aigus, j'ai perdu 76 cm d'un seul coup, alors que la dame, elle, en a gagné deux fois plus.
-Mais on n'est pas en France ici, on est aux Etats-Unis, vous comprenez ? C'est pas la France.
J'ai encore perdu des cm. C'est une géante. Je voulais juste bien faire pas resquiller. Je ne sais pas comment on dit ça en anglais. Je suis là pour passer mon code de la route, pas pour me faire sermonner (ou qui sait, mettre aux arrêts). Alors je courbe l'échine. M'écrase façon crêpe. Articule des excuses que je sers en chapelet. Ravale le dernier micro litre de fierté qui me restait encore coincé au travers de la gorge...



A ce stade de l'histoire, j'aimerais préciser que mon interlocutrice était indienne avec un accent très prononcé. Qu'il m'a plu (avec un peu de recul) de me dire que la situation ne manquait pas d'humour. Qu'il y a une vraie assimilation des immigrés dans ce pays. Que j'adorerais qu'un employé de banque en France avec un accent pas possible de n'importe quel pays étranger puisse se sentir ainsi investi par l'appartenance à sa nouvelle patrie au point d'engueuler un américain (au hasard) en lui rappelant qu'il n'est pas aux US (sans pour autant l'humilier, hein, autant qu'il y ait un peu de morale dans cette histoire)...
Que la vie ne manque pas d'ironie car m'est revenu vivement un épisode dont j'avais été témoin à Paris dans le métro. Un employé de la Ratp, derrière sa guérite toisait un groupe de touristes à qui il rechignait à vendre des tickets sous prétexte qu'il ne comprenait pas ce qu'ils voulaient. Que c'était à eux de faire l'effort de mieux s'exprimer. Qu'ils n'avaient qu'à apprendre à parler le français. J'étais pressée, j'étais passée. Je fais le serment que si je devais revivre une situation similaire, je m'arrêterais, pressée ou pas. Et j'interviendrais.
Et aujourd'hui encore plus que jamais.
...
Epi de l'épilogue : nous avons tous les deux obtenu notre code. Mais j'ai raté mon test de conduite. Un bruit court selon lequel il est très rare que les examinateurs donnent du premier coup leur permis aux européens qui repassent le leur. Histoire de leur apprendre qu'on conduit différemment aux Etats-Unis. Histoire sans fin...
Démentie par Cyril qui a passé le sien haut la main...  A moins que ce ne soit grâce à la pochette qu'il avait à portée de main...




vendredi 13 novembre 2015

Petite phrase...

Comme on les aime, et comme on les "pratique" également chez nous.
Il y a deux semaines s'est tenu le grand débat entre tous les candidats du parti républicain en vue des élections présidentielles (qui auront l'année prochaine). Jeb Bush s'adresse à Mark Rubio jeune sénateur qui a brillé par son absence au Sénat en lui rappelant qu'il a signé pour six ans et qu'il est sensé se présenter à son boulot... "Non vraiment, pensez-vous qu'il s'agit d'une semaine de travail à la française, qu'il suffit de venir travailler trois jours par semaine ?"... Et bing une petite estafilade de plus portée à la réputation de feignants que nous traînons joyeusement de ce côté-ci de l'Atlantique...
Depuis, des excuses ont été faites, bien sûr, envers "nos plus anciens alliés qui ont permis de faire de ce pays une nation libre". Rien que ça.
Enfin, j'imagine que les media français ont dû largement relayé ces propos...

mardi 3 novembre 2015

De Halloween

"De" et non "D'"Parce que le "H" est expiré. Comme dans "Manhattan"(clin d'oeil aux filles M et révérence au grand Woody). Dites-vous qu'en prononçant "Halloween", c'est un peu comme si vous essayiez d'éteindre la bougie placée dans la citrouille...
 La fête de Halloween (contraction de "All Hallows Eve", la soirée de tous les saints... Veille de la Toussaint, donc) viendrait d'un fête païenne celte qui célébrait le début de l'année sombre, quand les nuits s'allongent. Une fête de transition, où une année se clôt et une autre s'ouvre. La nuit entre les deux n'appartenant ni à l'une ni à l'autre, favorisant ainsi les événements magiques et surnaturels, puisque c'est également la période où l'on peut communiquer avec les gens de l'autre monde... Puis le christianisme est passé par là et hop hop, le Pape Grégoire IV nous a fait un joli syncrétisme (note à mes jeunes lecteurs (si vous existez) : non le syncrétisme n'est pas une figure de kung-fu, ni un effet sur Magix, Softonic, ou Clubic (note à mes lecteurs seniors (si vous me suivez) : la liste ci-contre énumère des logiciels de montage audio) mais lorsqu'un système religieux rapproche divers cultes, fusionne différentes doctrines) en introduisant la Toussaint le 1er novembre au moment de Samain...

Ici, le déclenchement des hostilités remonte au début du mois d'octobre où l'on a vu les premières citrouilles dévoiler leur rondeurs sur les seuils des maisons. Puis quelques squelettes sont allés se pendre aux balcons, aux arbres, au bord des fenêtres. Les fantômes ont commencé à surgir des vitres... Les araignées à envahir les façades... Les zombies à sortir de leur cachette. Avec plus ou moins de bon goût...

 
                                       































Avec une montée en puissance jusqu'au 31 au soir, où les San Franciscains se déchaînent. Certaines rues sont bouclées à la circulation et les habitants y transforment leur garage en maison hantée et autre petit théâtre d'horreurs... Ou animent leur façade...





Et parce qu'il fallait dignement célébré la fête, la famille Z s'est mise en quatre (haha) avec un zombie, une Frida Kahlo, une Mary Poppins (qui s'entraîne encore à dire supercalifragilisticexpalidocious) et un drôle de Van Gogh...


La moisson fut bonne :

(Merci de noter que la photo intègre habilement le panier de fruits de la maison, visant ainsi à rassurer nos familles quant à l'équilibre de notre alimentation...)



Négligence

Trois semaines sans même avoir fait ne serait qu'un tout petit article sur ce blog c'est long... Du moins pour moi. Je ne me prononcerai pas pour vous. Bref, comme dirait France Gall : "C'est peut-être un détail pour vous mais pour moi, ça veut dire beaucoup."
Merveilleux trait d'esprit que l'on doit plutôt à Michel Berger... Mais que serait l'esprit sans sa voi...x.
Mouais, va falloir se chauffer un peu.
Bref.
J'ai profité pleinement de la visite de ma grande soeur et sa famille, suivie de près par celle des H&M de Marseille. Leur présence en plus d'être un vrai plaisir, m'a permis d'apprendre (enfin) à connaître un peu mieux SF et ses multiples quartiers...
Même si, contrairement à mon beauf et aux H&M, j'ai encore besoin d'un plan de la ville pour m'orienter que je consulte joyeusement sur mon portable histoire d'avoir l'air vaguement locale... Ce dont je doute cependant, puisque chaque fois que je franchis la porte d'un magasin, d'un café ou d'un musée, on continue de me demander d'où je viens. Les jours heureux je me dis que c'est tout simplement ma "French Touch", les jours tristes, je sens que je serai toujours étrangère et nourris ainsi mon complexe d'immigrée dont je retoucherai un mot très prochainement...
Va pour les jours heureux en tout cas aujourd'hui :

Je cherchais un moyen de la placer celle-là (héhé)
Certes, SF est, comme la plupart de villes américaines, organisée en damier... Ce qui devrait aider un peu mon maigre sens de l'orientation, mais quelques artères principales se sont imposées en biais et trois, quatre avenues ont décidé de se courber... Et de semer ainsi le voyageur déboussolé... Bon, on doit être 3 depuis la naissance de SF à se paumer à cause de ces quelques rues. Et les deux autres c'était au 19e siècle... Et qui me confirme qu'ils se sont plantés à l'usine, enfin que je suis tombée sur un débutant qui a dû écrire "sans de l'orientation" ce crétin...

Toujours est-il que je me suis laissée mener avec joie par nos visiteurs... A qui je rends hommage pour leurs adresses, leur entrain, leur curiosité, leur voiture : ils ont été des guides formidables et ils me manquent déjà beaucoup (dites les cocos, il serait temps que vous reveniez : il reste encore quelques quartiers que nous n'avons pas faits !).

A peine tout le monde parti et l'assourdissant silence de leur absence retenti, Halloween nous a absorbé dans sa spirale festive !

mercredi 7 octobre 2015

Point Reyes

Incursion un peu au Nord de SF le week-en dernier... Quand l'Amérique tient ses promesses de grandeur...

Des biches à quelques mètres de nous

Des humains à quelques mètres de moi





Un peu plus loin au large, nous pouvons apercevoir des baleines...


Le phare de Point Reyes 



Dissuasif !

dimanche 4 octobre 2015

Les petites phrases

Entendues deci delà, voici un article que je voudrais récurent, tant ces petites phrases en disent parfois bien plus que les longs discours...

M-J (réceptionniste chez un coiffeur) : "Tu sais ce qu'il faudrait (ndrl : pour faire partir les gens qui travaillent dans la nouvelle technologie et font grimper les loyers de façon indécente, San Francisco talonnant joyeusement New York City.) ? Un bon gros tremblement de terre..."

Votre serviteuse : "Euh, là, vraiment ? Pas tout de suite tout de suite alors, hein, tu nous laisse encore un peu de temps pour nous adapter !"

M-J : "Mais siiiiii. T'inquiète pas vous êtes Européens, vous, vous êtes des durs !"

"Là, vraiment ? Pas tout de suite tout suite alors !" 
SF en 1906 après un des très gros tremblement de terre qui l'ont frappée. 

vendredi 2 octobre 2015

Traverser le pont

Il est évidemment l'emblème de San Francisco. Ce Golden Gate Bridge qui franchit la baie et permet de rejoindre Sausalito et tout un tas d'autres endroits (ensoleillés, eux) rapidement... C'est un peu comme notre Corniche Kennedy : on ne se lasse pas de suivre la route et on reste pantois du spectacle qui s'offre à nos yeux...
Notre première traversée s'est faite en douceur, dans le coton du brouillard. Les pylônes timides, se sont dévoilés peu à peu...



De là, c'est une vue surréaliste mais ô combien symbolique de San Francisco orgueilleusement drapée dans son voile de "fog"...


Et parfois, il fait tout simplement très très beau et l'on admire ce Orange International© qui le caractérise.


Et lorsque l'on tourne la tête de l'autre côté c'est l'Océan Pacifique... On est déjà... Ailleurs !





mardi 29 septembre 2015

De la classe verte - 3e partie (Field trip - part 3)

Ou comment cela s'est-il fini.

En haut du Cinder Cone, le vent souffle violemment. Je retrouve même un des élèves couché par terre tellement il souffre de vertige et le vent semble nous pousser vers le ravin. J'attrape fermement la main de Téa. L'histoire ne nous dit pas si c'est pour aider mon aînée ou me rassurer moi-même. L'histoire est cachottière...
Puis nous sommes descendus dans le cratère. Où nous avons déjeuné et dessiné. A l'école Waldorf, les enfants constituent eux-mêmes leurs livres de classe. Ainsi préparent-ils celui de géologie qu'ils étudient en ce moment, raison pour laquelle la classe verte se déroule dans un parc volcanique. Une fois ces tâches accomplies, nous empruntons un autre chemin pour descendre. Prennent la tête du cortège les enfants qui veulent descendre en courant (mais où est mon bandana rouge !???). Je reste derrière : certains enfants n'ont pas envie de courir. Après cinq heures de randonnée, entrecoupée du repas et de multiples snacks, nous dînons de saucisses grillées sur le feu allumé et entretenu par les gamins. Une fois de plus le syndrome du transfert "à la française" me gagne... Et je vois vingt-huit pyromanes en puissance... Pleine page dans la Provence, rubrique Faits Divers : "La classe verte part en fumée. Après avoir mis le feu à leur professeur et aux parents accompagnateurs, les élèves de la classe de Mimounette-les-Truffes ont déclenché un incendie de forêt sans précédent. Les pompiers luttent courageusement contre les flammes dévastatrices. Parmi les décombres, les soldats du feu ont eu la surprise de trouver le cadavre de Michel M. dangereux tueur en série recherché par les forces de l'ordre depuis mai 1994. Etc." 

Mais les saucisses étaient bien cuites et bienvenues. Retour au campement. Dodo à 20.00. Parfait pour les braves. Trop tôt pour les ours. Et trop froid. Et trop pluvieux. On a flirté avec des températures négatives cette nuit-là. Même si on a essayé de m'embrouiller avec les degrés Fahrenheit (est-ce que quelqu'un peut me faire la grâce de m'expliquer comment se convertissent ces machins ?) ! J'ai béni la maman qui m'a prêté un sac de couchage méga-luxe-plume-d'oies-du-Canada-tirettes-extensible-et-capuchon-réversible si bien que seul mon nez se trouvait à l'air libre. Réveil matutinal où tu n'imagines même pas te laver le visage. De toutes façons, il n'y a pas d'eau mais de la glace. Petit déj mega express avec gants bonnet et écharpe. Et hop c'est reparti pour une nouvelle balade : l'ascension du mont Lassen. 3189 mètres, 10457 pieds, mec. Ouais. Ça te pose un randonneur... Sauf qu'il pleut là... A 1500 mètres. Donc à plus de 3000... Je regarde mes chaussures. Les trous d'aération de mes chaussures. 
Est-il décent de faire l'ascension en sac de couchage ?
Grizzly blond sous ciel gris
Ce jour-là, nous avons dû renoncer car il y avait effectivement une tempête de neige et les rangers ont fermé la route. Mais nous avons une maîtresse plein de ressources qui nous invite à nous rabattre sur une petite randonnée...  De 3 heures. Nous avons marché 3 heures. Fini par rencontrer la neige. Et lorsqu'il s'est agi de faire demi-tour, les deux-tiers de la classe en ont redemandé. Je me suis sacrifiée pour ramener le tiers fatigué. J'ai définitivement perdu mon bandana rouge...
Ce soir-là deux mères sont rentrées remplacées par deux autres. La maîtresse nous a trouvé un petit chalet chauffé pour nous éviter la tente. Toutes les quatre dans nos lits superposés, nous étions ravies. D'autant que l'une des "nouvelles" mamans avait amené du vin (rôôôôôô strictly forbidden, mais on a une maîtresse funky)... Et ce petit retour à la civilisation était tout bonnement délicieux.
Troisième et dernier jour sur place. On ne renonce pas à l'ascension du Mont Lassen : le soleil est réapparu. Il fait toujours 2° CELSIUS... Manque de pot (ou pas !), la route est encore fermée ce matin. Mais imperturbable, notre maîtresse nous trouve une petite rando de derrière les fagots et hop nous revoilà partis pour 2 heures. Entrecoupés des incontournables snacks et pique-nique. Nous croisons Jean-Pascal guilleret québécois qui joint Vancouver à San Diego à vélo... Je vous laisse consulter vos googlemaps mais croyez-moi, ça fait une trotte. Le bandana rouge qu'il porte autour du cou m'est singulièrement familier...
De retour à notre base, nous constatons que la route est ouverte. En voiture ! Direction les bassins de soufre de Bumpass Hell. Une heure de sentier enneigé et détrempé pour y parvenir. Mes chaussures font un bruit d'éponge quand nous arrivons à la hauteur des fumerolles dont l'odeur n'est pas sans évoquer celle des oeufs pourris... Sur mes 28 camarades une petite dizaine seulement est chaussée de façon idoine.

Photo importée, je n'avais plus de batterie...
 Snack et retour vers les voitures. Je me fais une joie de remonter dans le van avec mon camarade J. qui, tout végétarien qu'il est, est fan de bouffe. Mais c'est compter sans notre énergique maîtresse qui propose aux enfants de faire une bataille de boules de neige. Il est 17h30, depuis trois heures, nos pieds macèrent dans des chaussures humides à -3 degrés. Le bout de nos doigts menacent de tomber dans nos gants en laine. J'ai imaginé près de 200 modèles différents de chapeau de nez... J'ai une recette de bouillabaisse sur le feu pour J... L'annonce me fait l'effet... D'un iceberg en pleine face. Va pour la bataille. Je serai observatrice. Téa n'ose pas participer : elle ne veut pas viser ses camarades... Elle finit par suivre la troupe de loin... Je sais que ce n'est pas très facile pour elle. Voir toute cette tribu s'amuser n'est pas sans lui rappeler violemment sa bande à elle. Et le manque est parfois criant...
Nous rentrons de nuit vers le campement. Je rappelle qu'il n'y a pas d'électricité. Le dîner est donc préparé à la frontale. Personne n'a de chaussures de rechange. Les enfants sont étrangement silencieux... Dans les chalets, ça sent la chaussette mouillée. En nous mettant en pyjama (ce qui s'impose comme le moment le plus intime que j'aie partagé avec un enseignant de mes enfants !), la maîtresse me confie qu'elle a peut-être poussé les enfants un peu loin... Je prends mon air suisse, neutre donc, et avec un petit sourire, j'ose un "peut-être" savamment interrogatif !
Le lendemain nous remballons. Retour guilleret vers SF... La maman qui me ramène nous met au bout de 30 minutes de voyage un conte lu qui dure plus de 4 heures. L'histoire ne dit pas si c'est pour éviter de subir ma conversation... L'histoire est cachottière...