Parmi les différences culturelles auxquelles nous devons nous adapter (et parfois nous plier) il en est une qui me perturbe beaucoup... La notion de week-end ! Qui induit en fait celle de repos.
Pause bienvenue que ces deux ou trois jours (n'en déplaise à notre ami Jeb) qui nous permettent de nous balader, faire un peu de sport, ou la fête ou... RIEN. Tout simplement rien.
Ah ! Rien.
Traînasser. Traîner. Glander. Flemmarder. Paresser. Lézarder. Fainéanter.
Commençons par regarder dans le dictionnaire. Quand nous avons plusieurs mots pour décrire cette (in)action, l'anglais nous trouve deux, trois expressions (to loaf around, to goof off qui tient plus de faire l'imbécile...), bref pas grand chose par rapport à notre langue.
Dans la pratique, cela donne une conversation surréaliste comme je les aime avec une maman de la classe à qui je dis ma joie de voir le week-end s'approcher :
- C'est formidable !!!! (ici, j'apprends à ne pas simplement me réjouir, mais à me réjouir énormément), Nous avons un vrai week-end à partir de demain. On va vraiment beaucoup en profiter...(constate ami lecteur comme je progresse chaque jour en expression américaine : l'usage de l'emphase n'a presque plus de secret pour moi).
-Ah oui, nous aussi. Samedi, mon fils a juste son match de Basket à 50 minutes de la maison, et j'ai ma semaine de linge à faire. Et dimanche, je travaille à la bibliothèque (mon interlocutrice est bibliothéquaire) mais ma fille vient avec moi.
Pas une once (c'est à dire 28,34 g, le système de mesure fait également parti de mon programme intensif d'adaptation) d'ironie dans son regard que j'ai scruté très très longuement pour m'assurer qu'il n'y avait pas de second degré. Rien. Que du bon premier degré. Solide. Sur lequel on peut se reposer, confiant. Et oui, ici le samedi et le dimanche sont des jours actifs comme les autres. Certains travaillent comme le reste de la semaine, d'autres... S'activent. Différemment certes. Mais énergiquement.
Tout "granola" soit-il, le californien est occupé. "Granola" étant le qualificatif dont sont affublés les habitants de cette partie de la côte ouest m'a récemment appris une New-Yorkaise. Par "Granola" qui est à l'origine ce mélange de céréales et fruits secs torréfiés, on entend que le Californien mange sain, aime la nature et regorge d'énergie... Qu'il dépense joyeusement dans toutes sortes d'activités diverses et variées. Et je dois dire qu'effectivement, l'activité physique pratiquée ici est impressionnante. Vélo, course, vélo de courses, cours de yoga de toutes sortes, cours de pilates, randonnée, marche rapide, skate, voile, planche voile, kite, surf. D'ailleurs tout le monde à un tapis de yoga à portée de main, ses baskets de course aux pieds, son legging aux genoux pour les femmes, son pantalon de jogging pour les hommes, sa parka sans manche (les matins sont frais), et sa casquette vissée sur la tête. Toujours prêts à partir en petites foulées, ou enfourcher un vélo, ou exécuter un petit Salamba Sirsasana (ou comment placer un peu de sanskrit au débotté) de derrière les fagots. Hop hop, ça sautille, ça gravit, ça galope, ça trottine, ça patine, ça navigue... Ami indolent passe ton chemin, ici on est fit et bien. Pas de temps mort. Sauf en sport...