mercredi 3 février 2016

Week-end

Parmi les différences culturelles auxquelles nous devons nous adapter (et parfois nous plier) il en est une qui me perturbe beaucoup... La notion de week-end ! Qui induit en fait celle de repos.
Pause bienvenue que ces deux ou trois jours (n'en déplaise à notre ami Jeb) qui nous permettent de nous balader, faire un peu de sport, ou la fête ou... RIEN. Tout simplement rien.
Ah ! Rien.
Traînasser. Traîner. Glander. Flemmarder. Paresser. Lézarder. Fainéanter.
Commençons par regarder dans le dictionnaire. Quand nous avons plusieurs mots pour décrire cette (in)action, l'anglais nous trouve deux, trois expressions (to loaf around, to goof off qui tient plus de faire l'imbécile...), bref pas grand chose par rapport à notre langue.
Dans la pratique, cela donne une conversation surréaliste comme je les aime avec une maman de la classe à qui je dis ma joie de voir le week-end s'approcher :

C'est formidable !!!! (ici, j'apprends à ne pas simplement me réjouir, mais à me réjouir énormément), Nous avons un vrai week-end à partir de demain. On va vraiment beaucoup en profiter...(constate ami lecteur comme je progresse chaque jour en expression américaine : l'usage de l'emphase n'a presque plus de secret pour moi).

-Ah oui, nous aussi. Samedi, mon fils a juste son match de Basket à 50 minutes de la maison, et j'ai ma semaine de linge à faire. Et dimanche,  je travaille à la bibliothèque (mon interlocutrice est bibliothéquaire) mais ma fille vient avec moi.

Pas une once (c'est à dire 28,34 g, le système de mesure fait également parti de mon programme intensif d'adaptation) d'ironie dans son regard que j'ai scruté très très longuement pour m'assurer qu'il n'y avait pas de second degré. Rien. Que du bon premier degré. Solide. Sur lequel on peut se reposer, confiant. Et oui, ici le samedi et le dimanche sont des jours actifs comme les autres. Certains travaillent comme le reste de la semaine, d'autres... S'activent. Différemment certes. Mais énergiquement.

Tout "granola" soit-il, le californien est occupé. "Granola" étant le qualificatif dont sont affublés les habitants de cette partie de la côte ouest m'a récemment appris une New-Yorkaise. Par "Granola" qui est à l'origine ce mélange de céréales et fruits secs torréfiés, on entend que le Californien mange sain, aime la nature et regorge d'énergie... Qu'il dépense joyeusement dans toutes sortes d'activités diverses et variées. Et je dois dire qu'effectivement, l'activité physique pratiquée ici est impressionnante. Vélo, course, vélo de courses, cours de yoga de toutes sortes, cours de pilates, randonnée, marche rapide, skate, voile, planche voile, kite, surf. D'ailleurs tout le monde à un tapis de yoga à portée de main, ses baskets de course aux pieds, son legging aux genoux pour les femmes, son pantalon de jogging pour les hommes, sa parka sans manche (les matins sont frais), et sa casquette vissée sur la tête. Toujours prêts à partir en petites foulées, ou enfourcher un vélo, ou exécuter un petit Salamba Sirsasana (ou comment placer un peu de sanskrit au débotté) de derrière les fagots. Hop hop, ça sautille, ça gravit, ça galope, ça trottine, ça patine, ça navigue... Ami indolent passe ton chemin, ici on est fit et bien. Pas de temps mort. Sauf en sport...



samedi 9 janvier 2016

Noël au Mexique

Diantre, Noël est passé et nous sommes déjà en 2016. Nous entamons le 5e mois de notre séjour. Les fêtes étant une des périodes propice aux marronniers et autres lapalissades, j'aurais envie d'écrire : "Que le temps file" et d'ajouter aussi : "Que nous sommes loin...".
Or, l'avantage d'être loin de chez soi est que l'on est proche d'ailleurs... (lapalissons, lapalissons !). Nous avons donc saisi la chance des ces quinze jours de vacances (enfin quinze !) et mes beaux-parents (merci d'admirer le joli zeugma) pour passer Noël au Mexique. Et, plus précisément en Basse-Californie. Et plus précisément encore à Los Cabos. Sur une carte géographique tu contasteras ami lecteur que le Mexique est doté d'un petit doigt, comme l'Italie d'un talon, la Corse d'un pouce, etc. Los Cabos est au bout du bout de ce doigt. Et au bout de ce doigt, c'est un peu comme si nous étions au bout du monde.

"Un bout du monde" en bas du doigt, à gauche...
Mais pour y arriver, il a fallu d'abord prendre un avion. Pendant trois heures. Un vol que je qualifierais d'Orangina, pour son si fameux slogan : "Secouez-moi, secouez-moi". Ah ami lecteur, toi qui connais ma légère réticence vis-à-vis de tout mode de transport aérien, tu sauras à quel point la Basse-Californie m'a semblé loin. D'autant qu'à l'occasion de ce voyage, j'ai pu constater que les pilotes américains ont une petite tendance à délaisser le bouton "Merci d'attacher vos ceintures" (j'y mets les formes, c'est toujours plus agréable), contrairement aux pilotes français qui l'actionnent à la moindre anticipation de possible turbulence... A croire que dans les cockpits américains ce fichu bouton est placé à un endroit inaccessible, genre sous le tableau de bord au fond à gauche que non seulement on ne voit rien dans ce bazar (oui, il y a des pilotes belges dans la flotte US) mais en plus il faut se pencher en avant, risquer un lumbago, voire se détacher... Un peu comme la manette qui permet d'ouvrir le capot d'une voiture, en fait...



Bref, le signal éteint, les jambes pas (encore) trop en coton, je profite d'aller aux toilettes. Que j'atteins sans trop de heurts... Jusqu'à ce que l'avion décide de s'offrir un petit rodéo. Si j'y étais allée me refaire une petite beauté, je serais sortie de là façon portrait de Picasso période cubiste, les deux yeux crevés en prime. De retour (pénible) vers mon siège, j'ai aidé une maman qui portait son petit dans un bras et de quoi le changer dans l'autre. Elle a fini à quatre pattes, le bébé sur le dos pendant que je jouais au bilboquet avec le change...

Le pilote a fini par trouver le bouton du signal de la ceinture quand je suis arrivée rampante à mon siège. J'ai fait trois noeuds à la mienne avant de la boucler. Serrée. Cette fois plus encore qu'à l'accoutumée fouler la terre ferme m'a semblé un petit miracle.









Les bagages récupérés, nous avons embarqué dans notre voiture de location modèle XXL... Cabo Pulmo, nous voilà... Ou presque. Après 225 mètres de route goudronnée nous passons sur une piste. Sable, cailloux, trous... Qui ont mis à mal tous les brushings de la famille. "Secouez-moi ! Secouez-moi !" aura vraiment été le jingle notre journée ! Sans compter que la nuit s'est mise à tomber, que les panneaux d'indication ne sont pas légion dans la région et que l'aiguille de la jauge d'essence s'est soudainement tournée du côté du 0. Histoire de faire son intéressante.
La possibilité de pousser notre 98 tonnes (à 5, tout est possible) étant encore envisageable,  jusqu'à ce que Cyril s'exclame : "Oh zut, je crois que je viens d'écraser un serpent !". Le silence s'est abattu dans l'habitacle. Et c'est les mâchoires et les fesses serrées que nous sommes arrivés dans notre joli hôtel.

Grand ouvert sur l'océan... Spectacle magique du matin...
Nous étions en pleine saison de migration des baleines, et il n'était pas rare d'en apercevoir au loin...
Confortablement installés sur une de ces plages désertes... A perte de vue.


Cabo Pulmo est un parc national. Il abrite le seul récif de corail vivant d'Amérique du Nord. Le commandant Cousteau, sous son bonnet rouge, disait de ce bout d'océan qu'il était "l'aquarium du monde", et nos quelques petites incursions en masque et tuba ont parfaitement illustré sa déclaration...