vendredi 4 décembre 2015

Vaaaaaaaaaah-cances

Après tout peut-être notre réputation d'immenses flemmards est-elle justifiée... Toujours est-il qu'après deux mois et demi d'école-travail non stop, nous attendions les vacances de Thanksgiving avec une impatience difficilement contenue. Téa a été vaillante jusqu'au vendredi soir après un test en espagnol, un autre en mandarin et un troisième en histoire romaine. Mila a cédé sur la ligne d'arrivée. Ses sinus ont lâché ou plutôt le contraire : ils se sont complètement bouchés. Vendredi au lit. "Petite craquette" de fin de parcours.
Les valises bouclées dès samedi matin, nous sommes monter à bord de notre guimbarde fraîchement sortie de chez le garagiste.
En piste pour la première étape de notre voyage : Mendocino, à deux heures et demi de route au nord de SF. Petite bourgade plus que sympathique nichée au bord de l'océan.
On s'est oxygéné la tête, les poumons...

©cyrilz
Dans notre hôtel le restaurant était végétalien (sans viande, ni poisson, ni oeufs, ni produits laitiers). Haha ! En ce qui me concerne, j'ai trouvé mon bonheur, le café au (bon) lait de soja passe pas trop mal le matin, et le tofu n'est pas mon ennemi. Un peu plus compliqué pour les filles, concernant notamment les pancakes sans oeufs ni beurre, à la farine intégrale... Elles ont néanmoins fini par trouver les oeufs benedict sans oeufs assez intéressants ! Le soir, le guacamole a fait des émules...



©cyrilz


Mendocino est au bord d'une rivière qui se jète sans l'océan, une plage monumentale et une lande qui domine le Pacifique.
©cyrilz
A marée basse, les rochers recèlent de milliards de moules et d'anémones de mer. Plus loin, le sable jaune est d'une finesse remarquable et l'eau a, par endroits, creusé les parois en petits tunnel dans lesquels on peut passez en kayak.  En automne, les arbres du village se parent de rouge pour les érables, d'orange et de jaune d'or... Le ciel, quand il est nuageux, grise la mer de plomb, quand il est limpide, rivalise d'intensité azuré.
©cyrilz
Puis nous sommes remontés à bord de notre mythique voiture pour piquer plein Est en direction du Lac Tahoe.
Arrêt burgers à Lucerne. "Switzerland in California", était-il stipulé sur le panneau d'entrée de la ville. 

Coté pile : on pourrait être en Suisse

Côté face : pas de doute, on est bien aux US
Et arrivée nocturne et sous la neige dans notre Benz Benz Benz qui commençait à sérieusement peiner sur les montées... On lui pardonnera étant donné son grand âge... Mais nous avons cru ne pas y arriver quand l'aiguille des vitesses tentait péniblement d'indiquer les 25 mph sur des routes limitées à 50 mph. Je ne sais pas à combien s'élève les amendes pour excès de non-vitesse, mais nous l'avons échappé belle.

Lake Tahoe, nous y étions donc, après deux jours entiers de chutes de neige. Nous avons skié Mila et moi. Il faut savoir que la station North Star où nous nous trouvions date des années 70... Conçu comme il se doit pour un confort maximum, la patinoire constitue le centre de la station. Tout autour, de grands feus de bois largement protégés permettent de se réchauffer en buvant un café acheté au Starbuck du coin. 
Dans l'hôtel où nous nous trouvons, il y a un magasin de location de ski. Avant toute chose on y remplit un formulaire avec tous les renseignements nécessaires au bon déroulement d'une location de matériel. Nous sommes ensuite accueillies par un employé facilement identifiable à sa tenue : comme tous ses collègues, il porte un pantalon "casual" beige, l'inévitable chemise californienne à carreaux et un pull sans manche rouge. Un badge indique son prénom. Eric C. est notre référent. Il arrive avec nos chaussures, nos skis. Nous les fait essayer. Revient avec le casque de Mila. Nous indique la caisse, où nous pouvons acheter également nos "ski pass". Le temps de régler, d'accepter les plates excuses du caissier qui m'a demandé ma date de naissance pour mon abonnement puis s'est rendu compte que son imprimante n'avait plus de carte, nous revoilà près d'Eric C. Pour récupérer notre matériel.
Non sans notre petite préparation psychologique et physique : remettre nos parkas à 30°C, coincé nos gants dans nos poches, mis nos bonnets... Sorti nos deux paires de bras supplémentaires, bandé nos biceps, abdo, triceps etc... Je suis parée pour porter les skis de Mila, les miens, ses chaussures, les miennes... Déjà suante à grosses gouttes j'affiche mon sourire le plus éclatant, le bonnet légèrement de travers, les lunettes de soleil sur le bout du nez, hyper décontractée genre "je gère comme un chef, je skiais déjà que t'étais pas né mon p'tit, et oui, je peux porter 3 paires de ski presque autant de chaussures... Même pas mal"... Mais Eric C. a l'air un peu surpris de me revoir. Petite encoche à mon ego... Ma crédibilité est en berne... Ne parlons même plus de ma séduction qui est réduite à néant... Bon, en même temps, j'ai passé l'âge. Péremption. Et puis en tenue de ski qui n'en est pas, on ne peut pas espérer grand chose en même temps... Oh, et la vie est ailleurs, non ? L'art, les oiseaux...
"Mais votre matériel vous attend auprès du valet de ski..."
"Du valet de ski...?"
Voilà. Le valet de ski. LA DÉCOUVERTE. Depuis tout ce temps il existe, il est là. Tout de noir vêtu, l'oreillette vissée dans l'oreille. Arpentant les racks de ski et de bâtons. Grand. Beau. Fort. Le valet de ski. Il te demande ton nom et t'accompagne quelques mètres (feet) plus loin. Il a posé tes skis au sol, en direction des pistes, planté tes bâtons de chaque côté. Sur tes skis, il y a ton nom. Il te souhaite "have fun" et te couve tendrement du regard quand tu t'élances maladroitement vers les pistes... Et quand tu reviens, il se matérialise à tes côtés. S'inquiète de savoir si tu t'es bien amusée... Si tu vas skier à nouveau dans la journée auquel cas il ne rangera pas tes skis au même endroit. Et si tu fais mine de ramasser tes skis parce qu'on est pas des esclavagistes quand même, il froncera légèrement le sourcil droit derrière ses RayBan parce qu'il faudrait quand même pas que tu fasses son job... Il y a des limites à ne pas dépasser, Lady...
Sur les pistes, il y a des "agrées" pour les skieurs et les snowboarders, des rampes, de toutes sortes. Des skieurs plutôt aguerri et des employés de la station qui passent pour s'assurer que tout fonctionne. Aux remontées mécaniques on te scanne avec une sorte pistolet pour s'assurer que tu as bien payé ton forfait. Sur les télésièges il y a des cibles dessinées pour bien positionner tes fesses et sur la barrière que tu descends, un plan des pistes. A l'arrivée, il y a un employé derrière les machines prêt à tout stopper en cas de problème et un autre qui remet de la neige à chaque passage, qui te souhaite "have fun" quand tu le salues. Un seul nous a souhaité "bonne journée", mais on sentait bien que c'était le rebelle de la bande... La vue était fabuleuse le Mont Pluto culmine à 2600m. Hélas mon téléphone a refusé de prendre les photos pour étayer cet article.

Cela étant nous sommes "descendus" ensuite au Lac Tahoe, le 2e plus grand lac de montagne des Etats-Unis. Et là, j'illustre...