mercredi 3 février 2016

Week-end

Parmi les différences culturelles auxquelles nous devons nous adapter (et parfois nous plier) il en est une qui me perturbe beaucoup... La notion de week-end ! Qui induit en fait celle de repos.
Pause bienvenue que ces deux ou trois jours (n'en déplaise à notre ami Jeb) qui nous permettent de nous balader, faire un peu de sport, ou la fête ou... RIEN. Tout simplement rien.
Ah ! Rien.
Traînasser. Traîner. Glander. Flemmarder. Paresser. Lézarder. Fainéanter.
Commençons par regarder dans le dictionnaire. Quand nous avons plusieurs mots pour décrire cette (in)action, l'anglais nous trouve deux, trois expressions (to loaf around, to goof off qui tient plus de faire l'imbécile...), bref pas grand chose par rapport à notre langue.
Dans la pratique, cela donne une conversation surréaliste comme je les aime avec une maman de la classe à qui je dis ma joie de voir le week-end s'approcher :

C'est formidable !!!! (ici, j'apprends à ne pas simplement me réjouir, mais à me réjouir énormément), Nous avons un vrai week-end à partir de demain. On va vraiment beaucoup en profiter...(constate ami lecteur comme je progresse chaque jour en expression américaine : l'usage de l'emphase n'a presque plus de secret pour moi).

-Ah oui, nous aussi. Samedi, mon fils a juste son match de Basket à 50 minutes de la maison, et j'ai ma semaine de linge à faire. Et dimanche,  je travaille à la bibliothèque (mon interlocutrice est bibliothéquaire) mais ma fille vient avec moi.

Pas une once (c'est à dire 28,34 g, le système de mesure fait également parti de mon programme intensif d'adaptation) d'ironie dans son regard que j'ai scruté très très longuement pour m'assurer qu'il n'y avait pas de second degré. Rien. Que du bon premier degré. Solide. Sur lequel on peut se reposer, confiant. Et oui, ici le samedi et le dimanche sont des jours actifs comme les autres. Certains travaillent comme le reste de la semaine, d'autres... S'activent. Différemment certes. Mais énergiquement.

Tout "granola" soit-il, le californien est occupé. "Granola" étant le qualificatif dont sont affublés les habitants de cette partie de la côte ouest m'a récemment appris une New-Yorkaise. Par "Granola" qui est à l'origine ce mélange de céréales et fruits secs torréfiés, on entend que le Californien mange sain, aime la nature et regorge d'énergie... Qu'il dépense joyeusement dans toutes sortes d'activités diverses et variées. Et je dois dire qu'effectivement, l'activité physique pratiquée ici est impressionnante. Vélo, course, vélo de courses, cours de yoga de toutes sortes, cours de pilates, randonnée, marche rapide, skate, voile, planche voile, kite, surf. D'ailleurs tout le monde à un tapis de yoga à portée de main, ses baskets de course aux pieds, son legging aux genoux pour les femmes, son pantalon de jogging pour les hommes, sa parka sans manche (les matins sont frais), et sa casquette vissée sur la tête. Toujours prêts à partir en petites foulées, ou enfourcher un vélo, ou exécuter un petit Salamba Sirsasana (ou comment placer un peu de sanskrit au débotté) de derrière les fagots. Hop hop, ça sautille, ça gravit, ça galope, ça trottine, ça patine, ça navigue... Ami indolent passe ton chemin, ici on est fit et bien. Pas de temps mort. Sauf en sport...



samedi 9 janvier 2016

Noël au Mexique

Diantre, Noël est passé et nous sommes déjà en 2016. Nous entamons le 5e mois de notre séjour. Les fêtes étant une des périodes propice aux marronniers et autres lapalissades, j'aurais envie d'écrire : "Que le temps file" et d'ajouter aussi : "Que nous sommes loin...".
Or, l'avantage d'être loin de chez soi est que l'on est proche d'ailleurs... (lapalissons, lapalissons !). Nous avons donc saisi la chance des ces quinze jours de vacances (enfin quinze !) et mes beaux-parents (merci d'admirer le joli zeugma) pour passer Noël au Mexique. Et, plus précisément en Basse-Californie. Et plus précisément encore à Los Cabos. Sur une carte géographique tu contasteras ami lecteur que le Mexique est doté d'un petit doigt, comme l'Italie d'un talon, la Corse d'un pouce, etc. Los Cabos est au bout du bout de ce doigt. Et au bout de ce doigt, c'est un peu comme si nous étions au bout du monde.

"Un bout du monde" en bas du doigt, à gauche...
Mais pour y arriver, il a fallu d'abord prendre un avion. Pendant trois heures. Un vol que je qualifierais d'Orangina, pour son si fameux slogan : "Secouez-moi, secouez-moi". Ah ami lecteur, toi qui connais ma légère réticence vis-à-vis de tout mode de transport aérien, tu sauras à quel point la Basse-Californie m'a semblé loin. D'autant qu'à l'occasion de ce voyage, j'ai pu constater que les pilotes américains ont une petite tendance à délaisser le bouton "Merci d'attacher vos ceintures" (j'y mets les formes, c'est toujours plus agréable), contrairement aux pilotes français qui l'actionnent à la moindre anticipation de possible turbulence... A croire que dans les cockpits américains ce fichu bouton est placé à un endroit inaccessible, genre sous le tableau de bord au fond à gauche que non seulement on ne voit rien dans ce bazar (oui, il y a des pilotes belges dans la flotte US) mais en plus il faut se pencher en avant, risquer un lumbago, voire se détacher... Un peu comme la manette qui permet d'ouvrir le capot d'une voiture, en fait...



Bref, le signal éteint, les jambes pas (encore) trop en coton, je profite d'aller aux toilettes. Que j'atteins sans trop de heurts... Jusqu'à ce que l'avion décide de s'offrir un petit rodéo. Si j'y étais allée me refaire une petite beauté, je serais sortie de là façon portrait de Picasso période cubiste, les deux yeux crevés en prime. De retour (pénible) vers mon siège, j'ai aidé une maman qui portait son petit dans un bras et de quoi le changer dans l'autre. Elle a fini à quatre pattes, le bébé sur le dos pendant que je jouais au bilboquet avec le change...

Le pilote a fini par trouver le bouton du signal de la ceinture quand je suis arrivée rampante à mon siège. J'ai fait trois noeuds à la mienne avant de la boucler. Serrée. Cette fois plus encore qu'à l'accoutumée fouler la terre ferme m'a semblé un petit miracle.









Les bagages récupérés, nous avons embarqué dans notre voiture de location modèle XXL... Cabo Pulmo, nous voilà... Ou presque. Après 225 mètres de route goudronnée nous passons sur une piste. Sable, cailloux, trous... Qui ont mis à mal tous les brushings de la famille. "Secouez-moi ! Secouez-moi !" aura vraiment été le jingle notre journée ! Sans compter que la nuit s'est mise à tomber, que les panneaux d'indication ne sont pas légion dans la région et que l'aiguille de la jauge d'essence s'est soudainement tournée du côté du 0. Histoire de faire son intéressante.
La possibilité de pousser notre 98 tonnes (à 5, tout est possible) étant encore envisageable,  jusqu'à ce que Cyril s'exclame : "Oh zut, je crois que je viens d'écraser un serpent !". Le silence s'est abattu dans l'habitacle. Et c'est les mâchoires et les fesses serrées que nous sommes arrivés dans notre joli hôtel.

Grand ouvert sur l'océan... Spectacle magique du matin...
Nous étions en pleine saison de migration des baleines, et il n'était pas rare d'en apercevoir au loin...
Confortablement installés sur une de ces plages désertes... A perte de vue.


Cabo Pulmo est un parc national. Il abrite le seul récif de corail vivant d'Amérique du Nord. Le commandant Cousteau, sous son bonnet rouge, disait de ce bout d'océan qu'il était "l'aquarium du monde", et nos quelques petites incursions en masque et tuba ont parfaitement illustré sa déclaration...




vendredi 4 décembre 2015

Vaaaaaaaaaah-cances

Après tout peut-être notre réputation d'immenses flemmards est-elle justifiée... Toujours est-il qu'après deux mois et demi d'école-travail non stop, nous attendions les vacances de Thanksgiving avec une impatience difficilement contenue. Téa a été vaillante jusqu'au vendredi soir après un test en espagnol, un autre en mandarin et un troisième en histoire romaine. Mila a cédé sur la ligne d'arrivée. Ses sinus ont lâché ou plutôt le contraire : ils se sont complètement bouchés. Vendredi au lit. "Petite craquette" de fin de parcours.
Les valises bouclées dès samedi matin, nous sommes monter à bord de notre guimbarde fraîchement sortie de chez le garagiste.
En piste pour la première étape de notre voyage : Mendocino, à deux heures et demi de route au nord de SF. Petite bourgade plus que sympathique nichée au bord de l'océan.
On s'est oxygéné la tête, les poumons...

©cyrilz
Dans notre hôtel le restaurant était végétalien (sans viande, ni poisson, ni oeufs, ni produits laitiers). Haha ! En ce qui me concerne, j'ai trouvé mon bonheur, le café au (bon) lait de soja passe pas trop mal le matin, et le tofu n'est pas mon ennemi. Un peu plus compliqué pour les filles, concernant notamment les pancakes sans oeufs ni beurre, à la farine intégrale... Elles ont néanmoins fini par trouver les oeufs benedict sans oeufs assez intéressants ! Le soir, le guacamole a fait des émules...



©cyrilz


Mendocino est au bord d'une rivière qui se jète sans l'océan, une plage monumentale et une lande qui domine le Pacifique.
©cyrilz
A marée basse, les rochers recèlent de milliards de moules et d'anémones de mer. Plus loin, le sable jaune est d'une finesse remarquable et l'eau a, par endroits, creusé les parois en petits tunnel dans lesquels on peut passez en kayak.  En automne, les arbres du village se parent de rouge pour les érables, d'orange et de jaune d'or... Le ciel, quand il est nuageux, grise la mer de plomb, quand il est limpide, rivalise d'intensité azuré.
©cyrilz
Puis nous sommes remontés à bord de notre mythique voiture pour piquer plein Est en direction du Lac Tahoe.
Arrêt burgers à Lucerne. "Switzerland in California", était-il stipulé sur le panneau d'entrée de la ville. 

Coté pile : on pourrait être en Suisse

Côté face : pas de doute, on est bien aux US
Et arrivée nocturne et sous la neige dans notre Benz Benz Benz qui commençait à sérieusement peiner sur les montées... On lui pardonnera étant donné son grand âge... Mais nous avons cru ne pas y arriver quand l'aiguille des vitesses tentait péniblement d'indiquer les 25 mph sur des routes limitées à 50 mph. Je ne sais pas à combien s'élève les amendes pour excès de non-vitesse, mais nous l'avons échappé belle.

Lake Tahoe, nous y étions donc, après deux jours entiers de chutes de neige. Nous avons skié Mila et moi. Il faut savoir que la station North Star où nous nous trouvions date des années 70... Conçu comme il se doit pour un confort maximum, la patinoire constitue le centre de la station. Tout autour, de grands feus de bois largement protégés permettent de se réchauffer en buvant un café acheté au Starbuck du coin. 
Dans l'hôtel où nous nous trouvons, il y a un magasin de location de ski. Avant toute chose on y remplit un formulaire avec tous les renseignements nécessaires au bon déroulement d'une location de matériel. Nous sommes ensuite accueillies par un employé facilement identifiable à sa tenue : comme tous ses collègues, il porte un pantalon "casual" beige, l'inévitable chemise californienne à carreaux et un pull sans manche rouge. Un badge indique son prénom. Eric C. est notre référent. Il arrive avec nos chaussures, nos skis. Nous les fait essayer. Revient avec le casque de Mila. Nous indique la caisse, où nous pouvons acheter également nos "ski pass". Le temps de régler, d'accepter les plates excuses du caissier qui m'a demandé ma date de naissance pour mon abonnement puis s'est rendu compte que son imprimante n'avait plus de carte, nous revoilà près d'Eric C. Pour récupérer notre matériel.
Non sans notre petite préparation psychologique et physique : remettre nos parkas à 30°C, coincé nos gants dans nos poches, mis nos bonnets... Sorti nos deux paires de bras supplémentaires, bandé nos biceps, abdo, triceps etc... Je suis parée pour porter les skis de Mila, les miens, ses chaussures, les miennes... Déjà suante à grosses gouttes j'affiche mon sourire le plus éclatant, le bonnet légèrement de travers, les lunettes de soleil sur le bout du nez, hyper décontractée genre "je gère comme un chef, je skiais déjà que t'étais pas né mon p'tit, et oui, je peux porter 3 paires de ski presque autant de chaussures... Même pas mal"... Mais Eric C. a l'air un peu surpris de me revoir. Petite encoche à mon ego... Ma crédibilité est en berne... Ne parlons même plus de ma séduction qui est réduite à néant... Bon, en même temps, j'ai passé l'âge. Péremption. Et puis en tenue de ski qui n'en est pas, on ne peut pas espérer grand chose en même temps... Oh, et la vie est ailleurs, non ? L'art, les oiseaux...
"Mais votre matériel vous attend auprès du valet de ski..."
"Du valet de ski...?"
Voilà. Le valet de ski. LA DÉCOUVERTE. Depuis tout ce temps il existe, il est là. Tout de noir vêtu, l'oreillette vissée dans l'oreille. Arpentant les racks de ski et de bâtons. Grand. Beau. Fort. Le valet de ski. Il te demande ton nom et t'accompagne quelques mètres (feet) plus loin. Il a posé tes skis au sol, en direction des pistes, planté tes bâtons de chaque côté. Sur tes skis, il y a ton nom. Il te souhaite "have fun" et te couve tendrement du regard quand tu t'élances maladroitement vers les pistes... Et quand tu reviens, il se matérialise à tes côtés. S'inquiète de savoir si tu t'es bien amusée... Si tu vas skier à nouveau dans la journée auquel cas il ne rangera pas tes skis au même endroit. Et si tu fais mine de ramasser tes skis parce qu'on est pas des esclavagistes quand même, il froncera légèrement le sourcil droit derrière ses RayBan parce qu'il faudrait quand même pas que tu fasses son job... Il y a des limites à ne pas dépasser, Lady...
Sur les pistes, il y a des "agrées" pour les skieurs et les snowboarders, des rampes, de toutes sortes. Des skieurs plutôt aguerri et des employés de la station qui passent pour s'assurer que tout fonctionne. Aux remontées mécaniques on te scanne avec une sorte pistolet pour s'assurer que tu as bien payé ton forfait. Sur les télésièges il y a des cibles dessinées pour bien positionner tes fesses et sur la barrière que tu descends, un plan des pistes. A l'arrivée, il y a un employé derrière les machines prêt à tout stopper en cas de problème et un autre qui remet de la neige à chaque passage, qui te souhaite "have fun" quand tu le salues. Un seul nous a souhaité "bonne journée", mais on sentait bien que c'était le rebelle de la bande... La vue était fabuleuse le Mont Pluto culmine à 2600m. Hélas mon téléphone a refusé de prendre les photos pour étayer cet article.

Cela étant nous sommes "descendus" ensuite au Lac Tahoe, le 2e plus grand lac de montagne des Etats-Unis. Et là, j'illustre...






















mercredi 18 novembre 2015

Du complexe de l'immigré

Ou comment se sentir si petite quand on mesure pourtant 1,76 m...

Alors forcément ça fait aussi un grand contenant de timidité, cette taille-là. Mais on m'a toujours appris que lorsqu'on est nouveau dans un environnement, la moindre des choses est d'essayer de s'adapter au mieux aux règles qui y prévalent.
Ainsi, dans le cadre de l'école Waldorf (l'école des filles, donc), je m'efforce de m'investir le plus possible. Dans notre appartement, je m'efforce de bien trier les déchets dans les 3 poubelles distinctes, de sortir lesdites poubelles le jour où passent les éboueurs et d'apprendre aux enfants à courir sur leurs doigts de pieds et non pas sur leur talon par égard pour le voisin du dessous. Au guidon de mon vélo, je m'efforce de laisser passer les premiers arrivés au croisement (règle de la circulation américaine) et de passer en remerciant quand un conducteur me fait ce petit geste de la main que d'aucun pourrait trouver dédaigneux, mais que je me persuade de trouver charmant... Non ce geste n'est pas celui que l'on fait pour chasser une mouche (à laquelle je pourrais m'assimiler sur mes deux roues) mais plutôt celui du désir d'épousseter les ailes délicates du papillon (en fais-je trop, là ?).
Dans les établissements que je fréquente, du Starbuck du coin à la bibliothèque de l'autre coin, en passant par les restaurants, les commerces, les bureaux de poste, je suis polie et quand les premières fois on me souhaitait "have a good one", je répondais du tac au tac "you too", tout en me demandant qu'est-ce que je pouvais avoir de bonne...
Force a été de constater que mon anglais était bien plus rouillé que je ne l'imaginais. Et qu'il fallait que j'arrête de me mentir : ce n'est pas parce que les américains ne parlent pas avec ce si bel accent "british" que je ne comprenais (et ne comprends toujours) pas ce que certains (voire beaucoup) me racontent. Certains parlent vite, d'autres avalent leurs mots, d'autres encore ont un accent insaisissable, d'autres enfin, n'articulent pas, sans parler de ceux qui parlent le fameux "slang" dont on nous a jamais enseignés les subtilités. En somme, les travers oraux de tout un chacun dans sa propre langue. Mais quand ce n'est pas "sa" langue, c'est une autre affaire. Et demander à son interlocuteur de répéter toutes les 30 secondes finit par devenir gênant. Pour soi. Et pour l'interlocuteur. Alors souvent, on préfère se taire. Sourire béatement, hocher de la tête et espérer qu'à la fin du discours, un miracle se produira, une espèce de pierre de rosette mentale, permettra de comprendre l'intégralité à posteriori, et pourquoi pas, puisqu'on y est, tout ce qu'on n'a pas compris la veille et tous les jours précédents. Et puis, tant qu'à faire, si la pierre de rosette pouvait aussi nous permettre de répondre à toutes ces bonnes vieilles questions qui nous taraudent depuis des lustres ce serait bien aussi... Parce que, des fois, on aime bien aussi les réponses. Ça permet de clore un sujet ou du moins à chapitre et de passer au suivant. D'avoir l'impression d'avancer... Mais Rosette n'est que notre tante moustachue, et sa pierre n'est qu'une parmi les autres qui se trouvent dans son jardin.
Pas de réponses et pas de bilinguisme rétroactif. On ne comprend pas grand chose. Et on se dépatouille avec ça. Au quotidien c'est agaçant, mais lorsqu'on a affaire à une administration, ça se complique.

Nous avons passé notre code de la route l'autre jour. Nous devons en fait repasser l'ensemble de notre permis, en tant que résident californien. Va pour le code donc, que nous avons révisé assez rapidement je dois dire. Après avoir adoré certaines parties comme celle où il s'agit de ne surtout pas répondre, ni même regarder dans les yeux un conducteur agressif... Car ça peut le rendre plus agressif encore. Riches de ce précieux savoir, nous nous sommes donc présentés au DMV, le département qui gère tout ce qui est relatif à la conduite, aux véhicules de ce pays, ville par ville. Détail qui peut avoir son intérêt informatif : les soeurs de Marge Simpson travaillent au DMV.



Nous avons donc rdv, faisons néanmoins une file non négligeable (on nous avait prévenus) et nous présentons à un premier guichet où l'employé nous demande à la vitesse de l'éclair de lui présenter un premier formulaire. Que Cyril sort de la pochette qu'il a emmené avec lui. Comme s'il s'agissait de déjà nous tester, l'employé nous demande plus vite encore, un autre formulaire que Cyril, imperturbable, sort de sa précieuse chemise. Avant même que le document arrive jusqu'au guichetier, ce dernier en demande aussitôt un troisième. J'ai déjà arrêté d'essayer de comprendre et fixe la chemise magique en me demandant si elle crée des générations spontanées de dossiers correspondants à toutes les situations.
Mais la main de Cyril se fige. Il a la fiche qu'on lui demande le concernant, mais pas la mienne, qu'il a en .pdf sur son téléphone. "L'imprimé monsieur, il me faut l'imprimé, pas de document électronique. Vous avez 20 minutes."
Je regarde Cyril, j'ai l'impression d'avoir été parachutée dans un épisode de 24h Chrono. Je me saisis de mon téléphone. Le compte à rebours est en marche. Le moment se divise en 4 sur l'écran : je cours en sortant du DMV pour trouver un endroit où l'on voudra bien imprimer mon doc. Cyril s'assoit sur les chaises défoncées du DMV pour remplir l'énième formulaire qui nous mènera à un autre guichet qui lui même nous permettra de nous présenter aux pupitres où se déroule l'examen du code. Sur la 3e case de l'écran la file qui grossit encore à l'extérieur du DMV. Sur la 4e, les filles dans la cour de l'école qui ne se doute pas du drame qui se noue à quelques km de leur balançoire...



Après avoir trouvé un assureur qui imprime mon fichier et à qui j'ai du demandé de répéter 15 fois son adresse mail, qu'il a fini par la taper lui-même, je retourne angoissée au DMV. A mon grand soulagement, on accepte mon document et je remplis le formulaire pour l'étape suivante. Dans la case nom de famille, je mets notre nom de famille auquel j'adjoins mon nom de jeune fille entre parenthèses. L'une des autres questions concerne mon numéro de sécurité sociale aux US. Cyril me dit de mettre le sien puisque je n'en ai pas pour le moment. Notre document rempli, on nous assigne un numéro chacun.
Cyril et moi avons chacun notre petit formulaire avec un numéro, une pochette magique et une seule carte bancaire... On nous appelle à deux guichets séparés. Et comme un fait exprès ils sont exactement à l'opposé l'un de l'autre. Je rappelle que le DMV gère tout ce qui a trait à la circulation dans la ville... Il y a environ 30 guichets, autant d'employés et 200 personnes qui attendent.



Cyril garde la pochette, je prends la carte bancaire. Et me dirige vers la dame qui va se charger de mon cas. Je souris le plus largement possible. Prends mon air le plus avenant. Et me cogne à la porte du visage fermé de mon interlocutrice. J'essaie d'augmenter de quelques degrés la courbure de mon rictus, sans pour autant me faire la tête du Joker. Mais rien ne s'entre-ouvre en face. En fait il n'y a pas de serrure, et certainement pas de poignée. Mais je m'applique à ne pas perdre mes moyens. Et l'interrogatoire commence : "passeport". Je m'exécute. "Fomulaire". Je le pose sur la tablette.

-Pourquoi vous vous appelez par un autre nom que celui qui est en premier sur votre passeport... 
-C'est mon nom de femme mariée. Mais vous avez vu ? J'ai mis mon nom de jeune ff
-Certificat de mariage.
-Pardon ?
-Certificat de mariage.
30 degrés de moins dans l'inclinaison de mon sourire.
-Euh, je, je ne l'ai pas là... Mais mon mari là-bas, oui, celui avec des cheveux en pétard, il est marrant d'ailleurs avec ces cheveux en pét... Non en fait vous en avez absolument rien à cirer des cheveux de mon mari vu la tronche que vous faites.... Il a une pochette (magique) dans laquelle il y a certainement...
-C'est un certificat américain ?
Et 20 degrés en moins sur le compteur du sourire.
-Euh, pardon ? 
-...
-Américain ? Euh et bien non parce qu'on s'est marié en France
-Ce n'est pas un certificat américain ? Ça n'est pas valable alors !
Paf ! Moins 50 d'un coup !
-Mais je...
-Et votre numéro de sécurité sociale ?
-Oui ? 
Déglutition difficile.
-C'est le vôtre ?
Moins 40 degrés
-Oui ? Non ? Est-ce que quelqu'un peut me dire quelle est la bonne réponse ? C'est celui de mon mari.
-C'est pas le vôtre alors. Vous n'en avez pas...
-Euh non. Pas vraiment. Je croyais...
(Inversion de la courbe du sourire)
-Vous avez donc menti.
Enclenchement des sirènes... Regard paniqué vers Cyril tout là-bas à l'autre bout...
-Je croyais. Enfin en France, on a le droit de...
Ma voix monte dans les aigus, j'ai perdu 76 cm d'un seul coup, alors que la dame, elle, en a gagné deux fois plus.
-Mais on n'est pas en France ici, on est aux Etats-Unis, vous comprenez ? C'est pas la France.
J'ai encore perdu des cm. C'est une géante. Je voulais juste bien faire pas resquiller. Je ne sais pas comment on dit ça en anglais. Je suis là pour passer mon code de la route, pas pour me faire sermonner (ou qui sait, mettre aux arrêts). Alors je courbe l'échine. M'écrase façon crêpe. Articule des excuses que je sers en chapelet. Ravale le dernier micro litre de fierté qui me restait encore coincé au travers de la gorge...



A ce stade de l'histoire, j'aimerais préciser que mon interlocutrice était indienne avec un accent très prononcé. Qu'il m'a plu (avec un peu de recul) de me dire que la situation ne manquait pas d'humour. Qu'il y a une vraie assimilation des immigrés dans ce pays. Que j'adorerais qu'un employé de banque en France avec un accent pas possible de n'importe quel pays étranger puisse se sentir ainsi investi par l'appartenance à sa nouvelle patrie au point d'engueuler un américain (au hasard) en lui rappelant qu'il n'est pas aux US (sans pour autant l'humilier, hein, autant qu'il y ait un peu de morale dans cette histoire)...
Que la vie ne manque pas d'ironie car m'est revenu vivement un épisode dont j'avais été témoin à Paris dans le métro. Un employé de la Ratp, derrière sa guérite toisait un groupe de touristes à qui il rechignait à vendre des tickets sous prétexte qu'il ne comprenait pas ce qu'ils voulaient. Que c'était à eux de faire l'effort de mieux s'exprimer. Qu'ils n'avaient qu'à apprendre à parler le français. J'étais pressée, j'étais passée. Je fais le serment que si je devais revivre une situation similaire, je m'arrêterais, pressée ou pas. Et j'interviendrais.
Et aujourd'hui encore plus que jamais.
...
Epi de l'épilogue : nous avons tous les deux obtenu notre code. Mais j'ai raté mon test de conduite. Un bruit court selon lequel il est très rare que les examinateurs donnent du premier coup leur permis aux européens qui repassent le leur. Histoire de leur apprendre qu'on conduit différemment aux Etats-Unis. Histoire sans fin...
Démentie par Cyril qui a passé le sien haut la main...  A moins que ce ne soit grâce à la pochette qu'il avait à portée de main...




vendredi 13 novembre 2015

Petite phrase...

Comme on les aime, et comme on les "pratique" également chez nous.
Il y a deux semaines s'est tenu le grand débat entre tous les candidats du parti républicain en vue des élections présidentielles (qui auront l'année prochaine). Jeb Bush s'adresse à Mark Rubio jeune sénateur qui a brillé par son absence au Sénat en lui rappelant qu'il a signé pour six ans et qu'il est sensé se présenter à son boulot... "Non vraiment, pensez-vous qu'il s'agit d'une semaine de travail à la française, qu'il suffit de venir travailler trois jours par semaine ?"... Et bing une petite estafilade de plus portée à la réputation de feignants que nous traînons joyeusement de ce côté-ci de l'Atlantique...
Depuis, des excuses ont été faites, bien sûr, envers "nos plus anciens alliés qui ont permis de faire de ce pays une nation libre". Rien que ça.
Enfin, j'imagine que les media français ont dû largement relayé ces propos...

mardi 3 novembre 2015

De Halloween

"De" et non "D'"Parce que le "H" est expiré. Comme dans "Manhattan"(clin d'oeil aux filles M et révérence au grand Woody). Dites-vous qu'en prononçant "Halloween", c'est un peu comme si vous essayiez d'éteindre la bougie placée dans la citrouille...
 La fête de Halloween (contraction de "All Hallows Eve", la soirée de tous les saints... Veille de la Toussaint, donc) viendrait d'un fête païenne celte qui célébrait le début de l'année sombre, quand les nuits s'allongent. Une fête de transition, où une année se clôt et une autre s'ouvre. La nuit entre les deux n'appartenant ni à l'une ni à l'autre, favorisant ainsi les événements magiques et surnaturels, puisque c'est également la période où l'on peut communiquer avec les gens de l'autre monde... Puis le christianisme est passé par là et hop hop, le Pape Grégoire IV nous a fait un joli syncrétisme (note à mes jeunes lecteurs (si vous existez) : non le syncrétisme n'est pas une figure de kung-fu, ni un effet sur Magix, Softonic, ou Clubic (note à mes lecteurs seniors (si vous me suivez) : la liste ci-contre énumère des logiciels de montage audio) mais lorsqu'un système religieux rapproche divers cultes, fusionne différentes doctrines) en introduisant la Toussaint le 1er novembre au moment de Samain...

Ici, le déclenchement des hostilités remonte au début du mois d'octobre où l'on a vu les premières citrouilles dévoiler leur rondeurs sur les seuils des maisons. Puis quelques squelettes sont allés se pendre aux balcons, aux arbres, au bord des fenêtres. Les fantômes ont commencé à surgir des vitres... Les araignées à envahir les façades... Les zombies à sortir de leur cachette. Avec plus ou moins de bon goût...

 
                                       































Avec une montée en puissance jusqu'au 31 au soir, où les San Franciscains se déchaînent. Certaines rues sont bouclées à la circulation et les habitants y transforment leur garage en maison hantée et autre petit théâtre d'horreurs... Ou animent leur façade...





Et parce qu'il fallait dignement célébré la fête, la famille Z s'est mise en quatre (haha) avec un zombie, une Frida Kahlo, une Mary Poppins (qui s'entraîne encore à dire supercalifragilisticexpalidocious) et un drôle de Van Gogh...


La moisson fut bonne :

(Merci de noter que la photo intègre habilement le panier de fruits de la maison, visant ainsi à rassurer nos familles quant à l'équilibre de notre alimentation...)